PROPOS SUR LE CORONAVIRUS ET LA SOCIÉTÉ
« Cette crise aura des conséquences humaines, économiques et sociales » selon le Président de la République lors de son allocution du 16 mars dernier.
Des conséquences, nul doute que notre pays en connaîtra. Notre économie, notre société toute entière, particulièrement notre système de santé, devront trouver les moyens de surmonter cette crise sans précédent. Et pour cause.
Mais dans l’adversité et derrière l’obscurité, et comme l’histoire en a connu, se trouve toujours un rayon de félicité et d’enseignement, entre entraide et reconnaissance.
DES SYSTÈMES À RUDE ÉPREUVE
C’est le 24 janvier dernier que sont recensés les trois premiers cas de coronavirus en France. Du 22 janvier au 4 avril, ce sont plus de 83 000 cas officiellement détectés en milieu hospitalier français avec un total de 6 507 morts sur le territoire national (à l’hôpital et dans les EHPAD). Lundi 30 mars, ce sont près d’un milliard de masques qui provenait de Chine ainsi que cent tonnes de matériel médical qui étaient envoyés vers la France.
La France est en crise, en pénurie. Les moyens manquent depuis de nombreuses années, les hôpitaux sont mal armés face à cette pandémie d’une nouveau genre, accélérée par la globalisation et l’accessibilité des divers moyens de locomotion. L’ensemble des pays de l’Union européenne semble désarmé, à tel point que des tensions commencent à émerger entre les vingt-sept Etats membres, notamment face à la commande massive de la France et de l’Allemagne qui laisserait sur le bas de la porte les Etats avoisinants.
« Ce n’est pas le moment de prendre des mesures qui pourraient être contraires à la solidarité entre pays européens. Tous les pays ont besoin de matériel de protection. » alertait la ministre belge de la Santé, Maggie De Block, le 6 mars dernier.
En parallèle, nombre d’Etats ont interdit l’exportation de matériel médical, comme l’Allemagne et la République tchèque. D’autres l’ont fortement restreint comme la France. Bien que des troubles semblent éclore, la Commission s’est voulue rassurante en passant des commandes groupées et coordonnées pour une grande partie des Etats touchés par la pandémie.
Différemment, comment la gestion de cette grippe létale a évolué en une pandémie facilitée par la globalisation actuelle ?
Les frontières. C’est ce terme qui revient très nettement dans les discussions, partout sur le globe, la France n’échappant pas au débat. Le député du Var, Julien AUBERT, s’est approprié cette thématique de la « contre-mondialisation » en parlant d’une « maladie de la mondialisation ». Dénonçant une trop faible réactivité d’un pouvoir auto-centré sur l’économie de marché et ses corollaires, le député ouvre un nouvel axiome que peu de politiques semblent en capacité de contredire. En effet, depuis plusieurs semaines, diverses sommités, européennes comme un peu partout dans le reste de l’Occident, remettent en cause les conséquences d’une mondialisation qu’ils caractérisent de « mal maitrisée », voire de « sauvage », pour reprendre la terminologie de la présidente du Rassemblement national. A l’heure actuelle, il semble difficile de ne pas interroger notre société avec son modèle économique dans cette crise d’une puissance inattendue. Le gouvernement lui-même, par la voix de son Ministre de l’économie, Bruno Lemaire, a, en quelque sorte, incité les grands groupes à privilégier l’agriculture et l’industrie française, notamment dans cette situation particulière du confinement et de l’arrêt des activités des commerces « non-essentiels ».
« Le coronavirus nous rappelle les fondamentaux d’une Nation, à mille lieux des poncifs de la mondialisation heureuse : seul un État bien organisé peut protéger son peuple, ce qui suppose d’accepter le concept de frontière, de contrôle, d’autorité. La souveraineté – notamment la capacité à produire sur son territoire des médicaments et des biens de première nécessité – est un concept qui n’a jamais été aussi actuel. » Julien AUBERT dans sa tribune à Valeurs actuelles
Pour l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le coronavirus met clairement « l’économie mondiale en danger », estimant à nouveau la croissance mondiale prévisionnelle de 2,9 à 2,4% pour l’année 2020. En l’espace d’une vingtaine d’années, la Chine avec ses industries bons marchés est devenue le noeud de la mondialisation, dont dépend l’économie mondiale. L’arrêt brutal du géant chinois a fait basculer les économies mondiales.
DERRIÈRE L’ÉPIDÉMIE, LA LUMIÈRE D’UNE FRANCE CONFINÉE
Ce qui est certain, c’est que tout sera à reconstruire après la fin de l’épidémie et de la période de confinement : l’économie, les aides au secteur privé, les finances nationales, les conditions d’attributions de nombreuses aides, … En parallèle, beaucoup de mesures ont été réalisé dans cette situation de crise que nombre d’entre nous, et pas seulement les plus jeunes, n’ont jamais vécu depuis leur naissance. Cette nouvelle péripétie a poussé l’ensemble des Français à revoir leur quotidien, stoppant au maximum leurs déplacements et limitant leurs contacts avec leurs familles et amis.
Face à cette situation de baraquement, les modes de communication ont évolués, tout comme l’engagement des citoyens français. Dialogues à distance, entraide via les réseaux d’association, reconnaissance du travail effectué, … ce sont tant d’éléments que ce coronavirus mortel dénommé « Sars-SoV-2 » ou encore « Covid-19 », a, tristement et dans une situation de drame international, permis de renforcer. Comment se douter qu’un virus mortel et violent comme celui-ci allait permettre la mise à mal d’une sociabilité en perdition, d’un lien social à bout de souffle ou encore d’une haine ambiante contre les personnels soignants, pompiers et forces de l’ordre. Cet épisode a aussi mis en lumière des personnels souvent oubliés mais présents au quotidien, notamment les caissiers, éboueurs, livreurs, agents du service public ou a encore permis de redorer le blason des élus locaux qui semblent, pour la grande majorité, engagés en faveur de cette cause qui est venue perturber le jeu électoral qui avait débuté le 15 mars dernier.
Il ne faut évidemment pas oublier les personnes isolées, notamment les personnes âgées qui sont soit confinées chez elles, soit dans leur chambre au sein de leur maison de retraite.
Pour la plupart, nous qui sommes en famille, réunis autour de nos proches ou bien volontairement confinés dans notre chambre ou notre bureau, il nous est également nécessaire de garder ce lien. Ce lien particulier qui, pour preuve de solidarité, a poussé la toile à développer de nombreux « challenges » solidaires, passant d’une simple coupe de cheveux aux messages sur papier soutenant ceux qui sont mobilisés lors de cette période difficile pour notre pays. En France, un élan de solidarité a vu le jour avec les Français qui, tous les jours à 20h, se réunissent à leurs fenêtres et balcons afin d’applaudir les forces vives mobilisées quotidiennement pour la gestion de cette crise.
Ce lundi 4 avril, alors que je termine cet article, nous venons d’apprendre le meurtre au couteau de deux de nos compatriotes à Romans-sur-Isère en pleine rue. Comment dire que cet acte barbare ne peut que nous révolter. N’avons nous pas déjà eu assez de morts en quelques semaines ? Bien que la lumière puisse être soulignée, on pourra noter que les ténèbres peuvent, alors que l’on pensait l’obscurité déjà bien présente, s’abattre un peu plus à chaque instant … Il nous appartient de répondre à cela en privilégiant la culture, l’amour du foyer et les moments de communion. La sécurité des Français, tristement, est toujours en question alors même que nos forces de l’ordre sont de sortie. Que serions-nous sans eux ?
Depuis le début du confinement, nombre de jeunes se sont remis à participer aux travaux du foyer, aidant pères et mères à jardiner, à nettoyer, ou bien replongeant toute une famille dans un flot de souvenirs jusqu’à présent égarés. Les parents qui font l’école à leurs enfants est, par ailleurs, un moment privilégié. Nombre d’entre nous a renoué avec la culture, qu’elle soit littéraire, cinématographique, visuelle ou musicale. Certaines personnes dont la vie quotidienne était rythmée par le métro-boulot-dodo ont pris des nouvelles de leurs proches qu’ils avaient oubliés, renouant ainsi une sociabilité nécéssaire mais parfois contrainte par les impératifs de la vie.
Alors, je vous y invite, privilégions pour cette crise une sortie par le haut. A la fin de la pandémie, nous devrons réfléchir à ce qu’il vient de se passer et à comment relancer notre économie. Nous devrons également panser nos plaies car nous avons parfois perdu des proches dans cette tragédie. Quant à notre planète, elle n’aura jamais été en aussi bonne forme qu’aujourd’hui. La pollution a baissé de manière conséquente pour la première fois depuis très longtemps.
Il est plus que jamais nécessaire de lutter contre ce virus qui a atteint notre société toute entière. L’écologie, la culture, le lien social, … ce sont là les seules idées à retenir de cette pandémie, non pas salvatrice, mais, finalement, révélatrice d’espoirs. Après la tempête vient le beau temps.
Vincent Cocusse pour Jeunesses de France, le 5 avril 2020.
https://www.valeursactuelles.com/politique/le-coronavirus-une-maladie-de-la-mondialisation-117050
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chronologie_de_la_pandémie_de_Covid-19_en_France