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Économie mondiale : entre coronavirus et crise financière systémique

PROPOS SUR LE CORONAVIRUS

La mondialisation désigne un processus d’interdépendance croissante des économies nationales qui aboutit progressivement à l’émergence d’une vaste marché mondial de biens et services, et de facteurs de productions. Elle a donc encouragé les entreprises à mettre en place des chaînes d’approvisionnement qui dépassent les frontières, rendant ainsi les économies toujours plus dépendantes. On peut parler de « village global » selon les mots de Marshall McLuhan dans son ouvrage The Medium is the Massage paru en 1967, pour qualifier les effets de la mondialisation. Depuis la crise financière de 2007-2008, les banques centrales ont épuisé la majorité de leurs atouts disponibles pour lutter contre les ralentissements économiques. Mais aujourd’hui, le niveau d’endettement mondial n’a jamais été aussi élevé.

L’arrivée d’un coronavirus virulent ces dernières semaines est venue perturber les chaînes d’approvisionnement des firmes et plus généralement le tissu productif des entreprises. En effet, cette épidémie a généré des chocs économiques qui secouent les marchés mondiaux de matières premières, et perturbent les réseaux d’approvisionnement qui constituent le pilier de l’économie mondiale.

Les prix des principaux produits industriels tels que le cuivre, le minerai de fer, l’aluminium et le gaz naturel liquide ont chuté depuis l’apparition du virus. Les monnaies des pays qui exportent ces biens à des taux élevés – dont le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Australie – sont aux niveaux les plus bas jamais enregistrés. De plus les producteurs, les compagnies minières et les fabricants de produits de bases de toutes sortes se demandent s’ils seront obligés de retarder la production de peur de saturer leurs stocks.

Mais quelles ont été les mesures prises par la Chine ? Le gouvernement de Xi Jinping a agi rapidement pour contrer les retombées économiques du coronavirus.Des efforts drastiques ont été déployés pour enrayer l’épidémie, notamment avec la fermeture de Wuhan, une ville de 11 millions d’habitants, et des restrictions sévères imposées aux transports dans tout le pays. Par ailleurs, la Banque populaire de Chine a baissé son taux d’intérêt directeur cette semaine et a injecté d’énormes quantités de liquidités sur les marchés afin de soulager l’actif, et le passif des banques. Les responsables ont également annoncé de nouveaux allégements fiscaux et des subventions destinées à aider les consommateurs. 

Mais ces mesures ne sont pas sans risques, leurs mises en place ont considérablement ralenti l’économie chinoise. Elle est ainsi devenue plus vulnérable à une crise qu’il y a 17 ans, lorsque le SRAS a éclaté. Selon certains économistes, on peut d’ores et déjà parler de « crise économique chinoise ». Il y aurait de nombreux indicateurs visibles : la baisse des marchés financiers, les faillites d’entreprises, les emprunts non remboursés, le fort ralentissement des investissements, la consommation des ménages en légère baisse.

Les économistes estiment, malgré tout, que le niveau actuel de perturbation est inquiétant. En effet de nombreux analystes s’attendent à ce que le gouvernement annonce des mesures supplémentaires dans les prochaines jours. Si le nombre de nouveaux cas de coronavirus commence à ralentir et que les usines chinoises rouvrent bientôt, l’économie asiatique sera touchée de façon éphémère au cours du premier trimestre et la croissance mondiale s’en ressentira. Si le virus continue à se propager cependant, les dommages économiques augmenteront rapidement. Pékin devra abandonner ses efforts de longue haleine pour maîtriser sa dette et injecter directement de l’argent dans l’économie. S’agissant de l’Union européenne, dans ces conditions, la banque centrale européenne a décidé de mettre un plan de soutien historique, consistant à racheter des titres pour un montant de 750 milliards d’euros.

Le coronavirus ne serait pas l’élément déclencheur d’une crise économique chinoise, mais viendrait enrayer l’économie dans une période d’instabilités. En effet la globalisation financière, née dans les années 1980, continue de provoquer des turbulences sur le marché des actions. Au-delà de l’état des finances publiques et de la menace d’un ralentissement économique mondial, nous nous trouvons aux portes d’une crise. Une fois celle-ci déclarée, comme le pensait Friedrich Von Hayek, « nous ne pouvons rien faire pour en sortir avant son terme naturel ».

La mondialisation reste donc un processus fragile et imparfait. Cette épidémie montre les risques liés à l’émergence d’un vaste marché mondial, et plus précisément d’une interdépendance toujours plus croissante des économies.

Bryan Kurtz pour Jeunesses de France, le 2020.

https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/06/coronavirus-l-executif-craint-un-coup-de-frein-violent-et-durable-sur-l-economie-francaise_6032127_823448.html

https://www.lopinion.fr/edition/economie/coronavirus-7-mutations-l-economie-mondiale-213643

https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/19/coronavirus-la-banque-centrale-europeenne-lance-un-plan-d-urgence-historique-pour-calmer-les-marches_6033613_3234.html

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