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Les soldes : entre nécéssaire prise de conscience écologique et problématiques commerciales pour nos commerçants dans un monde connecté

PROPOS SUR LES SOLDES

Le mois de janvier s’achève et avec lui les soldes d’hiver, ces derniers ont débuté le 8 du mois et prendront fin le mardi 4 février. Cette période autrefois fermement attendue est aujourd’hui sous le feu des critiques et pose de nombreuses problématiques en France dans le contexte actuel. Le temps des bonnes affaires, des immanquables pour les ménages est aussi celui du questionnement pour les commerçants et les politiques. Cette vente à outrance de produits textiles, immobiliers, accessoires en tout genre pose des questions sur le plan environnemental une fois de plus. De plus, elle est pour les marchands, les magasins un problème majeur, est ce que les bonnes affaires se font seulement pendant les soldes ? Les ventes privées, le Black Friday ne banalisent-elles pas ce moment supposé unique de baisse des prix ? Les consommateurs prévoient-ils encore d’acheter pendant les soldes ? Il faut aujourd’hui faire un bilan clair sur les soldes et définir si oui ou non elles sont profitables à l’offre et la demande.

Un petit point histoire s’impose : les soldes apparaissent dans la deuxième moitié du XIXème siècle grâce à un Normand appelé Simon Mannoury, il ouvre sa boutique à Paris et très vite cherche à écouler ses stocks invendus en baissant ses prix avant la nouvelle saison, le succès est immédiat et la mécanique est très vite reprise par les « grands magasins » inspirant Victor Hugo dans son ouvrage « Au bonheur des dames ». Cette initiative couronnée de succès est alors un rendez- vous pour tout les ménages français, elle devient encadrée par des lois à partir de 1906 et se découpe en deux parties bien définies : les soldes d’hiver et les soldes d’été. Cependant le temps des achats en série décline d’année en année, à la suite des soldes estivales de 2019 l’avis est mitigé selon les commerçants, à Paris 57% sont satisfaits, à Rennes seulement 45% font un bénéfice. Du côté des vendeurs le questionnement est de mise, les soldes durent cinq à six semaines ce qui est une très longue période pour eux, les premières démarques sont celles qui leur sont le plus profitable financièrement, puis le reste des liquidations sont un long chemin, le manque à gagner pour les magasins est handicapant. Aujourd’hui les boutiques fonctionnent selon une logique de flux tendus, les stocks sont beaucoup mieux gérés, en effet les boutiques s’adaptent à l’intensité de la demande ce qui diminue largement l’ampleur de leurs invendus. Les soldes ne sont plus le coup de pouce financier autrefois existant. Il faut alors pour résoudre la question se pencher sur la demande, les acheteurs. Ces derniers s’y perdent également dans cette foule de promotions comme en témoigne l’enquête Le Figaro Economie : les consommateurs profitent du Black Friday, des ventes privées et des soldes, la bonne affaire est aujourd’hui beaucoup plus fréquente, les codes sont brouillés, les périodes de promotion ne sont plus limitées aux soldes et les ménages ne prévoient plus forcément d’acheter pendant cette période. Dans un second temps ils déplorent des réductions trop basses, un tri trop important avant de trouver l’article de leurs rêves. Le désintérêt se généralise et le chiffre d’affaire des magasins s’en ressent.

Mais derrière cette problématique des soldes se cache le spectre du marché en ligne. La menace des centres commerciaux écrasant le dynamisme commercial des centres villes est dépassée et désormais c’est internet qui mène la vie dure aux magasins. Tout d’abord présenté comme un avantage pour la demande, cette avancée met les boutiques – hors franchises – dans une situation compliquée. Des ventes en hausse de 13,4% en 2018 pour le e-commerce selon la Fevad prouvent que la vente de produits sur internet fait une concurrence difficile aux ventes en physique. La bonne affaire est à un clic, le consommateur depuis son domicile peut acheter, comparer, choisir, essayer, et cette habitude est prise par bon nombre des ménages. Les individus sortent moins, n’apportent plus ce dynamisme économique aux boutiques de leur quartier, de leur ville, profitent d’invitations aux ventes privées directement envoyées sur boîtes mail. Les soldes sont également disponibles sur les sites internet des franchises, par conséquent le consommateur ne se déplace plus, ou ne perçoit plus le moment des soldes comme une opportunité.

L’achat, la consommation s’inscrivent dans un contexte et une logique bien plus large : il y a une évidente dépendance par rapport au pouvoir d’achat des ménages qui au fil des conjectures économiques bonnes ou mauvaises fluctue. Mais également la dimension environnementale est à prendre en compte, aujourd’hui les lobby écologiques, les ONG dénoncent une société de consommation gouvernée par un capitalisme sauvage. La consommation de produits textiles et autres est aujourd’hui une source de pollution. De l’étape de production jusqu’à la fin du produit on remarque des externalités négatives, la fabrication en usine émet des gaz carboniques participant à cet effet de serre tant redouté par nos climatologues. Ce n’est pas tout, la biosphère, l’hydrosphère sont aussi fortement touchées. Effectivement les matériaux tels que le plastique, ou les tissus sont souvent retrouvés dans la nature, dans les fleuves puis les océans, leur durée de dégradation s’étend sur des centaines ou des milliers d’années ce qui perturbe sur temps court et temps long les écosystèmes terrestres et marins. Le monde moderne a vu l’apparition du septième contient au niveau du Pacifique Nord, un continent de déchets de plus de 3 millions de km2 altérant totalement l’équilibre aquatique. Tout ces produits achetés, consommés pendant nos périodes de soldes prennent un aspect plus terrifiant lorsqu’on voit leur destination. Il ne faut évidemment pas blâmer Simon Mannoury et son initiative commerciale brillante, mais tout cela appelle une réflexion plus ouverte, une prise de recul d’envergure internationale. Les soldes amènent une frénésie consommatrice, cependant tout ce que l’on possède, puis ce que l’on jette à un cycle et une fin, ces déchets dégradent biocénoses et biotopes. Aujourd’hui on recense très peu d’espaces vierges, non soumis à une influence anthropique, le monde se conçoit selon une pression humaine si forte que depuis les années 2000 on a définit une nouvelle ère : l’Anthropocène. Cette production et cette consommation de produits ne sera pas sans conséquences et « mère nature » saura nous le rappeler.

Le bilan de ces soldes est enrichissant, l’influence du e-commerce écrase les ventes physiques dans un monde où la technologie a pris une importance sans précédent dans nos vies. Face aux nombreuses idées marketing de réductions des prix périodiques les soldes deviennent un moment banal. Puis les images de pollution, de ces déchets dans nos fleuves, nos forêts, le long des routes en Italie du Sud par exemple font prendre conscience que les matériaux de productions et les produits finis une fois jetés dans la nature sont comme une bombe néfaste. Il serait peut être préférable de réfléchir à la manière d’acheter, à prendre du recul sur ces bonnes affaires, ne plus sans cesse mettre la main au porte monnaie pour des objets obsolètes quelques semaines plus tard. Un sujet anodin comme les soldes recèle donc de questions actuelles et nécessaires puisqu’elles touchent chacun quand un changement d’échelle s’opère.

Thomas Bernardon pour Jeunesses de France, le 2020.

https://www.lefigaro.fr/conso/fin-des-soldes-d-ete-quel-bilan-pour-les-commercants-20190805

https://www.journaldunet.com/ebusiness/commerce/1172030-chiffre-d-affaires-e-commerce-france/

https://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/dictionnaire/2017/01/11/29005-20170111ARTFIG00194-les-soldes-sont-de-moins-en-moins-interessants.php

https://www.lemonde.fr/economie/article/2017/02/18/le-decevant-bilan-des-soldes-d-hiver_5081754_3234.html

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